déprimogène

Bilan aéraulique : tout savoir sur les extracteurs d’air sur un chantier amiante

10 octobre 2025

Sur un chantier amiante, la sécurité des travailleurs dépend de la parfaite synergie entre le confinement, la ventilation et la filtration. Le bilan aéraulique permet de garantir que l’air circule correctement dans la zone de travail, que la dépression reste stable et que les fibres d’amiante ne s’échappent pas vers l’extérieur. Un bon renouvellement d’air, assuré notamment par des extracteurs d’air adaptés, constitue un élément clé de la prévention. Sans lui, la santé des opérateurs et la conformité du chantier de désamiantage sont compromises. C’est pourquoi chaque entreprise spécialisée doit comprendre l’importance de cet outil aéraulique, véritable pilier du confinement dynamique.

À quoi sert un extracteur (ou déprimogène) ?

L’extracteur d’air, aussi appelé déprimogène, représente le cœur du système de confinement sur tout chantier amiante. Cet outil électrique aspire l’air contaminé de la zone confinée, le filtre et le rejette à l’extérieur du bâtiment.

En maintenant une pression négative ou dépression contrôlée, il empêche les fibres dangereuses de se propager hors de la zone de confinement. Ainsi, l’air chargé de particules ne peut atteindre les zones saines du chantier, protégeant efficacement la santé au travail et limitant la contamination croisée.

Au-delà de son rôle mécanique, l’extracteur d’air contrôle la dynamique aéraulique et stabilise le confinement. En fonctionnement normal, la dépression doit rester supérieure à 10 Pa. Un suivi continu, via le manomètre, s’impose pour maintenir des conditions de travail sûres et garantir l’efficacité du confinement.

Cet équipement de protection collective joue un rôle essentiel dans le bilan aéraulique prévisionnel établi avant le démarrage des travaux de désamiantage.

Comment fonctionne un extracteur ?

Le fonctionnement d’un extracteur d’air repose sur un moteur ventilateur qui aspire l’air pollué à l’intérieur de la zone confinée. Cet air circule ensuite dans des caissons de filtration positionnés à l’entrée de l’appareil. Les filtres retiennent les poussières et fibres d’amiante, puis rejettent un air propre à l’extérieur du chantier de travail.

Ce flux aéraulique continu crée une circulation d’air maîtrisée qui assure la bonne circulation de l’air dans de la zone et évite la stagnation des fibres. Un extracteur bien dimensionné maintient ainsi une dépression stable tout au long du chantier, quelles que soient les caractéristiques du matériel ou les conditions de travail.

Quelle filtration doit équiper un extracteur amiante ?

La filtration représente l’élément le plus critique du matériel aéraulique utilisé en désamiantage. Chaque extracteur doit être équipé de filtres HEPA H13, conformes à la norme NF EN 1822-1, garantissant une très haute efficacité de rétention. Ces filtres capturent les fibres microscopiques d’amiante avant le rejet d’air.

Pour assurer une bonne prévention des risques, il est essentiel de vérifier régulièrement l’état de ces filtres. Un filtre colmaté ou mal monté compromet l’intégrité du confinement, modifie la dynamique de dépression et augmente les risques de dispersion de fibres.

Une maintenance préventive et des contrôles fréquents assurent la performance du système aéraulique et la sécurité des professionnels sur le chantier.

Est-ce toujours obligatoire d’avoir un extracteur sur un chantier amiante ?

Oui. Sur tout chantier classé niveau 2 ou niveau 3, l’arrêté du 8 avril 2013 impose une dépression permanente et un renouvellement d’air continu. Ces exigences s’appliquent aux chantiers de sous-section 3 comme à ceux de sous-section 4, conformément aux règles de prévention des risques liés à l’amiante.

Même pour une intervention de niveau 1, l’installation d’un extracteur d’air reste vivement recommandée. Dans une zone totalement étanche, l’absence de circulation d’air peut provoquer une anoxie et compromettre la sécurité respiratoire des opérateurs.

Maintenir une aération minimale et un renouvellement dynamique garantit la prévention des accidents, le respect des normes de santé au travail et la stabilité du confinement.

Combien d’extracteurs prévoir et où les positionner ?

Tout chantier amiante de niveau 2 ou supérieur doit disposer d’au moins deux extracteurs d’air : un principal et un de secours. Le dimensionnement dépend du volume de la zone de confinement, du débit d’air et du type de travaux de désamiantage.


Pour déterminer la puissance, la capacité et la position des appareils, il faut réaliser un bilan aéraulique prévisionnel. Cet outil d’ingénierie, fondé sur le calcul des débits, assure un renouvellement d’air suffisant et une dépression stable.

L’outil 111 de l’INRS aide les entreprises à estimer ces paramètres avec précision. En général, placer les extracteurs à l’opposé de l’entrée d’air, souvent en fond de zone, améliore la ventilation et évite les zones mortes, garantissant un confinement homogène et efficace.

Comment lire le manomètre de l’extracteur ?

Le manomètre permet de surveiller la pression différentielle entre le ventilateur et le filtre absolu. Chaque fabricant indique une plage de pression normale pour son matériel. Une pression trop basse signale une fuite ou un filtre mal monté ; une pression trop élevée révèle souvent un filtre colmaté.

Contrôler quotidiennement le manomètre fait partie intégrante du travail de prévention et contribue au maintien du confinement dynamique.

Cette mesure simple permet d’éviter un relâchement de la dépression, de détecter les anomalies en amont et de préserver la sécurité des professionnels présents sur le chantier.

Manomètre

Où positionner les gaines de rejet d’air ?

Les gaines de rejet doivent impérativement évacuer l’air filtré à l’extérieur du bâtiment. Cette exigence empêche toute pollution intérieure en cas de défaillance du système de filtration.

Si le rejet extérieur est techniquement impossible, le guide INRS ED 6267 autorise un rejet intérieur uniquement avec un extracteur à double filtration absolue. Cette mesure exceptionnelle doit rester temporaire et encadrée par une évaluation du risque aéraulique.

Ce principe illustre la rigueur nécessaire dans la gestion du confinement : la sécurité prime toujours sur la commodité technique.

Comment changer les filtres d’un extracteur ?

Un extracteur d’air comporte trois niveaux de filtration : un filtre éphémère, un préfiltre et un filtre absolu HEPA H13. Les opérateurs formés peuvent remplacer les filtres éphémères et les préfiltres, en suivant un protocole strict pour éviter toute libération de fibres.

En revanche, le filtre absolu doit être remplacé uniquement par un technicien agréé, lors de la maintenance annuelle. Ces filtres, souvent saturés de particules d’amiante, représentent un danger réel pour la santé des travailleurs. Leur manipulation demande une expertise technique et un matériel de prévention adapté.

Pré-filtre

Quelles vérifications sont obligatoires ?

Chaque extracteur utilisé sur un chantier amiante doit subir une vérification annuelle au minimum, voire plus fréquente selon les recommandations du fabricant.

Ce contrôle comprend une inspection complète du matériel, le remplacement du filtre HEPA et la réalisation d’un test DOP pour évaluer l’efficacité de la filtration.

Le test DOP (Dispersed Oil Particulate test) consiste à injecter un aérosol d’huile dispersée en amont du filtre pour mesurer sa capacité réelle de rétention. Ce test de performance garantit que le filtre HEPA H13 ou H14 conserve son efficacité et respecte les caractéristiques exigées.

Ces vérifications régulières assurent la conformité du bilan aéraulique, la performance du confinement et la prévention des expositions professionnelles.

Quelle traçabilité conserver pour un extracteur d’air ?

Pour les entreprises intervenant en sous-section 3, la traçabilité du matériel aéraulique constitue une obligation réglementaire. Il faut conserver pendant cinquante ans les factures d’achat, les rapports de maintenance et les certificats de filtres remplacés. Ces documents prouvent le respect des obligations de sécurité et facilitent les contrôles.

Cette rigueur administrative s’inscrit dans une politique globale de prévention durable et de protection de la santé au travail. Un extracteur bien entretenu, suivi et documenté devient un véritable garant de la qualité du confinement et du sérieux du désamiantage.


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