Le traitement de l’amiante nécessite de mettre en place des actions de prévention afin de protéger les salariés. La fibre d’amiante est très volatile, c’est pourquoi la gestion de l’air représente un élément critique lors de travaux. En effet, dans les zones à risque, l’aéraulique doit être maitrisé. Les UMD font partie de ces espaces dangereux dans lesquels circulent les fibres d’amiante. Il est donc essentiel d’y maintenir un système aéraulique efficace en permanence. Mais doit-on vérifier l’aéraulique de l’UMD sur un chantier amiante ?
Qu’est-ce qu’une UMD ?
L’Unité Mobile de Décontamination (UMD) est un système de nettoyage des travailleurs ainsi que des EPI. Elle permet de diminuer la quantité de contaminants (amiante, plomb, pcb, etc.) afin de prévenir les infections. L’UMD prend le plus souvent la forme d’une caravane aménagée. On y retrouve plusieurs zones destinées à différents usages : une douche de décontamination, un sas de décontamination des déchets ainsi qu’un local pour se vêtir et se dévêtir. Grâce à un système aéraulique bien conçu et contrôlé, cette installation empêche la propagation des polluants en dehors de la zone contaminée.
Quels sont les objectifs aérauliques réglementaires de l’UMD ?
Dans une UMD, le circuit aéraulique garantit un renouvellement d’air suffisant pour protéger les opérateurs des contaminations. Selon l’INRS, pour répondre à cette nécessité de renouvellement de l’air, deux mesures sont à prendre en considération.
Tout d’abord, pour le renouvellement d’air dans la douche : le débit d’air minimum correspond à deux fois le volume de la douche par minute (soit un taux de 120 volumes par heure ou 120 h-1).
Aussi, pour créer une barrière dynamique dans le sas des déchets : la vitesse de l’air à maintenir est de 0,5 m/s dans la section de la trappe à déchets. Cette vitesse permet de créer une barrière dynamique entre les zones « propres » et « sales » de l’UMD. Ce qui empêche la contamination de l’air extérieur par les déchets.
Est-il obligatoire de procéder à la vérification de l’aéraulique de l’UMD ?
Des réglementations importantes sont en vigueur notamment dans l’arrêté du 8 avril 2013. Ce dernier est relatif aux règles techniques, aux mesures de prévention et aux moyens de protection collective pour les opérations comportant un risque d’exposition à l’amiante.
Ce texte impose une vérification de l’aéraulique d’une UMD. Il oblige les entreprises spécialisées dans le désamiantage (SS3) à notamment réaliser des tests de fumée. Ces tests permettent de vérifier qu’aucune fuite d’air ne se produit et que la dépression empêche l’échange d’air vers l’extérieur du tunnel.
Également, la vérification doit inclure des mesures de la vitesse de l’air via un anémomètre. Ce contrôle permet de s’assurer que l’UMD fonctionne correctement et respecte les exigences aérauliques minimales, comme énuméré précédemment.
À quelle fréquence réaliser la vérification de l’aéraulique de l’UMD ?
La fréquence des vérifications de l’aéraulique dépend de plusieurs facteurs, mais on identifie trois temps :
- Avant le début des travaux : il est évidemment essentiel de vérifier le bon fonctionnement de son installation de décontamination avant toute intervention.
- Périodiquement pendant le chantier : ces contrôles réguliers permettent de garantir des conditions de sécurité optimales tout au long des travaux.
- Après tout incident : en cas de problème pouvant affecter l’aéraulique (fuite, dysfonctionnement de l’extracteur, etc.), une nouvelle vérification doit être réalisée.
C’est bien l’employeur qui est responsable de définir la fréquence de ces contrôles. Ils seront quotidiens, hebdomadaires ou même à chaque vacation en fonction des spécificités du chantier.
Les outils indispensables pour mesurer l’aéraulique de l’UMD
Pour entreprendre la vérification de l’aéraulique, il faudra vous équiper d’outils spécifiques. Différents appareils de mesures existent, parmi les plus courants on retrouve l’anémomètre, le micronamomètre et le baromètre.
L’anémomètre est l’instrument qui mesure la vitesse de l’air. Il permet de notamment vérifier que la barrière dynamique dans le sas des déchets est bien opérationnelle. Ce matériel peut être couplé à un cône de mesure. Il concentre le flux d’air pour obtenir des mesures plus précises.
Le micromanomètre permet de mesurer la pression différentielle. Cela est très utile afin de contrôler la variation de la pression entre deux points. Une différence de pression peut indiquer la présence d’une fuite par exemple.
Le baromètre est utilisé pour contrôler la pression atmosphérique. Il permet de vérifier l’équilibre de la dépression dans les différents espaces de l’UMD.
Comment calculer le débit minimal d’air devant entrer dans la douche ?
Pour déterminer le débit d’air minimal requis dans la douche, il faut premièrement connaître le volume de cette dernière. Pour cela, vous devrez utiliser votre mètre ! Mesurez les dimensions (longueur, largeur et hauteur) de la plus grande douche pour ce calcul. Évidemment, si le volume est déjà inscrit sur la fiche aéraulique, vous pouvez l’utiliser directement.
Le débit minimum est défini par la formule suivante :
Débit minimal = 2 x Volume x 60
Pour mieux comprendre la formule :
- Débit minimal : c’est le résultat que l’on cherche. Il est exprimé en m3/h.
- 2 : ce chiffre indique qu’on veut renouveler l’air du volume deux fois comme indiqué dans la réglementation.
- Volume : c’est la taille de l’espace à ventiler en m3. Pour rappel, la formule de calcul est la suivante : Volume = Longueur x Largeur x Hauteur.
- 60 : ce chiffre convertit le débit obtenu en heures.
Application de la formule :
Si la douche a un volume de 2,6 m³ :
Débit minimal = 2 x Volume x 60,
Débit minimal = 2 x 2,6 x 60,
Débit minimal = 312 m3/h,
Cela signifie qu’il faut un débit d’air entrant de 312 m³/h dans la douche pour respecter les exigences réglementaires.
Comment mesurer le débit d’air entrant dans la douche ?
Pour mesurer le débit d’air entrant dans la douche, premièrement on utilise généralement un anémomètre. Il va permettre de mesurer la vitesse de l’air passant par les grilles d’entrée de la douche. On veillera à ce que la vitesse soit indiquée en m/s. Ensuite, il nous faut connaître les dimensions de la grille en m2 (longueur et largeur). Pour cela, soit on mesure, soit on se réfère à la fiche aéraulique.
La formule à appliquer pour calculer le débit d’air :
Q = V x S x 3 600 x K
Pour mieux comprendre la formule :
- Q : c’est le résultat que l’on cherche à calculer, le débit d’air en m³/h.
- V : c’est la vitesse de l’air en m/s.
- S : c’est la surface de la grille en m².
- K : afin de tenir compte des pertes ou de l’efficacité de l’installation, on applique un coefficient réducteur (généralement 0,6).
- 3 600 : c’est le facteur qui nous permet de convertir le résultat en heures.
Application de la formule :
Pour une grille avec une surface de 0,01m2 et une vitesse d’air de 4,1 m/s :
Q = V x S x 3 600 x K,
Q = 4,1 x 0,01 x 3 600 x 0,6,
Q = 88,56 m³/h
Cela signifie que la le débit d’air sortant de la grille est de 88,56 m³/h. Il faut répéter cette mesure pour toutes les grilles d’air entrant dans le sas et vérifier que le débit total dépasse le débit minimal requis.
Comment vérifier la conformité de l’aéraulique de la trappe à déchets ?
Il est essentiel de vérifier la conformité de l’aéraulique de la trappe à déchets. Ici pas besoin de faire des calculs, vous aurez seulement besoin de votre anémomètre !
La conformité réside dans la vitesse de l’air passant au niveau de l’ouverture de la trappe. Il faut simplement s’assurer que l’air allant du « propre » vers le « sale » est d’au moins 0,5 m/s. Important aussi, il faut prendre les mesures dans les conditions les plus défavorables, généralement avec la trappe ouverte.
Traçabilité des mesures
Selon l’article 6 de l’arrêté du 8 avril 2013, les résultats des vérifications aérauliques doivent être consignés dans un registre de sécurité. Ce registre doit contenir différentes informations pertinentes notamment :
« […]
4. La consignation des paramètres de surveillance du chantier tels que, s’il y a lieu, le niveau de la dépression, la vérification de l’état des dispositifs de protection et du confinement, les résultats des tests de fumée et du bilan aéraulique.
[…] »
Que faire en cas de non-conformité ?
Après avoir relevé toutes les mesures nécessaires et effectué les calculs appropriés, si les résultats sont positifs les travaux peuvent débuter en toute sécurité.
En cas de non-conformité des mesures aérauliques, l’UMD ne peut pas être utilisée sur un chantier de traitement d’amiante. Il est impératif de corriger les défauts avant de reprendre les travaux.
Les causes possibles d’une défaillance aéraulique peuvent être des fuites dans la structure de l’UMD, des filtres d’extracteur colmatés ou des extracteurs sous-dimensionnés.